Me voilà enfin en possession du permis de conduire chinois. Le permis français n’étant pas reconnu, on ne peut pas l’échanger contre son équivalent chinois sans passer par la case examen…
Petit récit d’une longue procédure à travers l’administration chinoise.
Le voyage commence par une traduction officielle du permis de conduire français et du passeport. Simple non ? Sauf que sur Harbin, trouver quelqu’un qui parle français n’est pas chose aisée ! Après maintes palabres j’obtiens de faire la traduction du Français à l’Anglais puis la traductrice passera enfin en Chinois. Trois coups de tampons avec l’Etoile Rouge et 250 yuans et me voilà muni d’une parfaite traduction officielle à moitié effectuée par mes soins dans laquelle j’aurais pu tricher. C’est d’ailleurs la combine : faire traduire la petite voiturette à trois roues de votre permis français (B1 sur votre feuillet rose) en side-car ce qui vous donne ensuite l’équivalent du permis chinois voiture et moto. Je ne l’ai pas fait, trouvant la ficelle un peu grosse et désireux d’éviter les embêtements ultérieurs.
Etape suivant, le certificat de résidence. La procédure obligatoire pour tous les étrangers consiste en l’enregistrement auprès de la police locale. C’est automatique dans la plupart des hôtels (même si certains refusent aujourd’hui encore les étrangers n’ayant pas l’autorisation officielle de les accueillir), mais il faut le faire en personne si, comme dans mon cas, vous louez un appartement. Rendez-vous est pris pour le samedi 14 heures, en présence du propriétaire, de moi-même et d’un employé de ma boite qui sera mon garant. Le jour dit le policier n’est pas là… Trop occupé pour se déplacer selon lui, où plus simplement désireux de montrer son autorité et son importance. Le rendez-vous est reporté au lendemain.
L’intéressant dans cette affaire c’est que j’ai pu observer le logiciel que la police chinois utilisé pour contrôler la population : toutes les maisons de la ville sont répertoriées avec un plan cadastral de tous les appartements. Le gardien de l’ordre n’a plus qu’à rentrer les informations sur le locataire : sa nationalité, son âge, son sexe mais plus drôle la couleur de ses yeux, son poids, son groupe sanguin et s’il est ou non porteur de maladie sexuellement transmissible… Les différents systèmes ne semblent pas être reliés entre les différentes villes : s’il a trouvé mon enregistrement précédent datant de mon séjours à l’hôtel, il n’a pas trouvé celle de mon appartement à Beijing ni celles de mes multiples voyages… J’imagine que le système, partant d’une idée logique (à défaut de pouvoir la qualifier de bonne) doit être en fait un sacre bordel, comme beaucoup de choses en Chine limitant ainsi sa portée et ratant son but initial.
Une nouvelle Etoile Rouge plus tard et me voilà munis de tous les documents.
Je m’en vais donc au commissariat en charge de la police de la route, un policier pas aimable pour un sou observe tous les documents et me les rends : ce n’est pas correct, il manque mon nom chinois sur les documents traduits… Retour a la traduction, nouveaux coups de tampons et retour au commissariat.
Cette fois c’est bon, tous les papiers sont en règle, étape suivant la « visite médicale » : prise d’une photo, une jeune fille en blouse blanche (sans doute pour mettre un peu les formes) me jette un regard, me demande mon poids et donne 8 coups de tampons sur ça fiche… Vision parfaite, coordination excellente, vitesse de réaction optimale, drôlement fort ces toubibs pour savoir tout ca sans même vous ausculter pour la forme. Après la visite médicale, retour au premier guichet pour une nouvelle vérification de tous les documents, puis envoi vers le guichet pour le payement (100 yuans), retour au premier guichet qui m’oriente vers le bureau des examens (à l’autre bout du bâtiment), on me prend une nouvelle fois en photo puis encore une fois retour au premier guichet (c’est un peu la maison qui rend fou dans les 12 travaux d’Astérix) pour une date d’examen théorique.
Cet examen obligatoire porte sur le code de la route chinois, le seul détail, c’est qu’il n’est disponible qu’en VO chinoise sur Harbin contrairement aux autres grandes villes du pays qui se sont dotées d’une version anglaise. C’est aussi le grand avantage : les étrangers sont autorisés à prendre un traducteur qui basiquement fera le test à votre place.
Ce genre de personnes pullulent à l’entrée du commissariat vous proposant de vous obtenir plus rapidement le permis contre une somme d’argent : comptez 3000 Yuans pour le permis complet, 1500 pour l’examen… Le tout au vu et au su de tout le monde…
Un gars dans l’entreprise avait obtenu le permis la semaine précédente il me proposa donc d’être mon traducteur. Le jour dit nous nous présentons pour l’examen : une grande salle pleine d’écrans d’ordinateurs avec un boitier où taper les réponses. 100 questions, 30 avec “vrai ou faux”, le reste avec 4 choix, pour réussir, il faut obtenir 90/100 au minimum. Nous rentrons dans la salle, je m’installe au poste et le policier préposé à la surveillance vient voir mon traducteur et lui donne la consigne de me traduire les questions mais interdiction de me donner directement les réponses ! Ok répond mon aide et enchaine directement « première question, réponse A ». Je n’en mène pas large peu habitué que je suis à tricher et puis, trois personnes surveillent la salle où planchent une petite trentaine d’étudiants : ils se promènent dans les rangs mais cela ne dérange pas trop mon « traducteur » qui continue de me donner régulièrement les réponse « A », « B », « A », « D » même quand le policier est juste derrière nous… Les questions défilent lentement je compte le nombre restant priant pour que le processus s’accélère… 30 longues minutes s’écoulent et nous arrivons au bout du test. Soulagement, nous allons enfin pouvoir partir. « Allons révisons un coup » me dit mon aide. Pétard nous voilà repartit à coup de « ok » dans le sens inverse et toujours ces fichus policiers qui tournent autour de nous. Après 40 minutes de stress nous validons les réponses et le résultat tombe : 96 points. Me voilà titulaire du permis chinois, 3 jours d’attente, un dernier retour au poste de police pour récupérer le papier ; fin du processus.
Prochaine étape, location d’une voiture et apprendre à conduire dans l’anarchie générale (du moins en ville) ou tout le monde tente de se frayer un passage en slalomant entre les lignes, tournant sans clignotants, grillant allègrement les feux rouges quand il n’y a pas de camera… Mais en tout cas je pourrai plus facilement sortir des sentiers battus lors des voyages et sortir de la ville pour les weekends !